Dernières innovations pour la revégétalisation des sites miniers en Afrique

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Reforestation de sites miniers en Afrique
22 juin 2023

Le 22 juin, un webinaire professionnel portant sur les dernières innovations en matière de revégétalisation des sites miniers en Afrique, organisé par MORFO, une société spécialisée dans la reforestation à grande échelle, a été organisé. Au cours de ce webinaire, nos experts et invités ont partagé leurs connaissances et leur expertise sur les défis et les solutions liés à la revégétalisation des sites miniers en Afrique.

Les panélistes étaient :

  • Pascal Ettien Anokan: Avec 15 ans d’expérience dans le secteur minier, il est Président de la Commission HSE et du Comité de sécurité du secteur minier au GPMCI.
  • Brandet Lissambou: Responsable biodiversité Okouma chez ERAMET COMILOG.
  • Michel Oyo: Directeur Général chez Geo guide, 36 d'expérience dans l’industrie minière.

Quelle est l’importance des projets de réhabilitation de sites miniers ?

Avant d'inaugurer un site minier, il est essentiel de mener de nombreuses études préliminaires. Parmi celles-ci, l'élaboration de plans de réhabilitation est une étape cruciale. Ces plans détaillent les mesures qui seront prises pendant le projet minier ainsi qu'après la fermeture de la mine.

Il est primordial de mettre l'accent sur la réhabilitation, car cela permet de préserver les emplois, les communautés environnantes et les générations futures. En effet, la réhabilitation vise à restaurer les zones affectées par l'exploitation minière, à réduire les impacts environnementaux et à créer des conditions propices à la vie et au développement durable.

Dans ce contexte, explique Mr. Ettien, le GPMCI (Groupe de Promotion des Mines en Côte d'Ivoire) sera sollicité pour développer des outils spécifiques afin de faciliter la réhabilitation des sites miniers. Ces outils pourront inclure des lignes directrices, des technologies innovantes et des méthodologies efficaces pour assurer une réhabilitation réussie et responsable des zones minières.

En ce qui concerne la réhabilitation de sites miniers, y a-t-il des paramètres qu’il faut surveiller en priorité ?

Il est crucial d'intégrer la réhabilitation progressive de la mine dès les premières phases d'un chantier minier, notamment lors de la phase de recherche précédent la construction du projet. En pensant à la réhabilitation dès le début, on peut anticiper et prévenir les problèmes qui pourraient survenir à la fin de l'exploitation.

La mise en place d'un programme de monitoring du sol est essentielle. Par exemple, il est important de surveiller l'érosion du sol, car celle-ci peut entraîner le déplacement de produits chimiques vers d'autres zones, notamment les ressources en eau, pouvant affecter les communautés environnantes.

La qualité de l'air est un autre aspect crucial à prendre en compte. Si les risques associés à des périodes de sécheresse, aux incendies, aux infections pulmonaires et aux dommages aux arbres ne sont pas anticipés, cela peut mettre en danger la sécurité des travailleurs de la mine et avoir un impact négatif sur l'environnement. Il est donc essentiel de mettre en place des mesures pour minimiser ces risques.

En procédant ainsi, en intégrant la réhabilitation dès les premières phases, en mettant en place un monitoring du sol et en anticipant les risques liés à la qualité de l'air, il est possible de réduire les coûts de réhabilitation à long terme, de préserver l'environnement et de faire profiter les communautés locales des bénéfices de l'exploitation minière.

Quels sont les défis actuels de la réhabilitation de sites miniers ?

Lors de la fermeture d'une mine, il est essentiel d'accompagner le processus de remise à niveau des terres afin de permettre la revégétalisation. De nos jours, nous sommes en mesure de faire pousser des plantes sur des plateaux en utilisant principalement du topsoil (couche superficielle du sol riche en éléments nutritifs).

Cependant, les principaux défis se situent au niveau des talus, qui sont souvent abrupts. Dans ces zones, nous ne recommandons pas l'utilisation de la technique de l'hydroseeding (semis hydraulique) en raison de son coût élevé et de l'absence d'entreprises spécialisées à l'échelle nationale pour la réaliser. Il est donc primordial de concentrer nos efforts sur le développement de solutions adaptées pour ces talus.

Quelles sont les nouvelles technologies pour la réhabilitation de sites miniers de ces dernières années ?

Face aux différents obstacles environnementaux présents sur le territoire, il est important de promouvoir des innovations qui transforment ces défis en opportunités d'emplois. En mettant en œuvre certaines mesures, il est possible de transformer les obstacles environnementaux en opportunités d'emplois durables. Voici quelques étapes clés pour y parvenir :

  1. Analyse des obstacles : Il est essentiel d'observer et d'analyser en détail les obstacles environnementaux spécifiques présents sur le site. Une première étape consiste à réaliser une analyse du sol pour déterminer s'il est contaminé ou non.
  2. Réhabilitation du sol : Si le sol n'est pas contaminé, il convient de mettre en place des mesures de réhabilitation pour le restaurer à son état d'origine. Cela peut inclure des techniques de dépollution et de restauration de la fertilité du sol.
  3. Sélection d'espèces adaptées : Une fois le sol réhabilité, il est important de déterminer les espèces végétales qui peuvent se développer avec succès sur ce type de sol. Cela permettra de choisir les plantes les plus adaptées pour le reboisement et les projets agricoles ultérieurs.
  4. Collaboration avec les populations locales : Les petites mines illégales peuvent présenter des défis particuliers. Il est donc crucial de collaborer avec les populations locales pour trouver des solutions conjointes. Il peut être bénéfique de former les orpailleurs dans des métiers verts, favorisant ainsi leur intégration dans des activités durables.
  5. Réhabilitation et projets agricoles : L'objectif est de restaurer la terre à son état initial avant l'exploitation minière, en effectuant une réhabilitation du sol, et d'ensuite mettre en œuvre des projets agricoles profitant aux propriétaires terriens, lorsque la zone était déjà forestière. Cela permet de préserver les habitats naturels tout en générant des opportunités économiques.
  6. Gestion des produits chimiques : Il est essentiel d'utiliser des espèces végétales qui sont adaptées aux sols contaminés et qui peuvent absorber ces produits chimiques du sol. Cela garantit une décontamination efficace et exclut les projets agricoles sur ces zones.
  7. Valorisation des sols dégradés : Avant de commencer tout projet, il est essentiel de réaliser une évaluation précise de l'état des sols dégradés. Cela permet de mettre en valeur ces sols de manière appropriée et durable.

La réhabilitation des sites d'exploitation miniers varie en fonction du type de site. Pour les sites d'exploitation de manganèse, la terre végétale existante peut être suffisante pour favoriser la repousse naturelle. En revanche, pour les petites mines d'or, il est souvent nécessaire de procéder à des mesures plus intensives telles que l'enfouissement avec de l'argile et la remise en place de la terre végétale.

Quels sont les innovations tech que les miniers aimeraient voir sur leurs sites ? Comment est-ce que ces nouvelles technologies de réhabilitation pourront être plus efficaces ?

L'adoption de nouvelles technologies de réhabilitation des sites miniers peut permettre d'accroître l'efficacité, la rapidité et l'étendue des travaux de réhabilitation, tout en contribuant à préserver l'environnement et à favoriser la croissance d'écosystèmes sains sur ces sites.

Voici quelques innovations que l'on pourrait souhaiter voir sur cde ces sites miniers :

  1. Techniques de suivi améliorées : Il est essentiel de développer des techniques permettant d'accompagner la végétalisation des sites miniers, en particulier dans les zones où la croissance naturelle est limitée. Cela implique la recherche de méthodes efficaces pour prévenir la prolifération des espèces envahissantes et favoriser la repousse des espèces indigènes.
  2. Accès aux zones difficiles : Les sites miniers peuvent être situés dans des régions difficiles d'accès pour les êtres humains. L'utilisation de technologies telles que les drones ou les robots peut permettre d'explorer et de travailler sur des terrains accidentés ou dangereux, facilitant ainsi la réhabilitation des zones inaccessibles.
  3. Réhabilitation des talus : Les talus sont souvent des zones difficiles à réhabiliter en raison de leur forme abrupte. Le développement de techniques spécifiques pour replanter et stabiliser ces zones peut être une innovation technologique précieuse pour améliorer l'efficacité de la réhabilitation des sites miniers.
  4. Modernisation du moment de plantation : Actuellement, la plantation est souvent limitée à la saison des pluies. L'innovation technologique pourrait permettre de planter des végétaux à tout moment de l'année, même en dehors de la saison pluvieuse, en utilisant des méthodes de gestion de l'eau ou d'irrigation adaptées.
  5. Enrichissement du sol : L'utilisation de drones pour pulvériser des zones avec des nutriments ou des substances bénéfiques pourrait favoriser la croissance rapide des plantes et améliorer la qualité du sol. Cela permettrait d'accélérer la réhabilitation des sites miniers et de maximiser la surface couverte.

Par ailleurs, une collaboration étroite avec les petites mines est essentielle. En les accompagnant dès le début, en leur fournissant des conseils et des formations en matière de santé, de sécurité et d'environnement (HSE), on peut améliorer la compréhension et la maîtrise de ces aspects importants.

L’importance des populations locales dans la réhabilitation des sites miniers

Les populations locales jouent un rôle essentiel dans la réhabilitation des sites miniers en raison de leur connaissance du territoire et de leur relation avec l'environnement. Leur implication active permet de suivre régulièrement les projets de réhabilitation, de partager des informations sur l'état des sites et d'identifier les besoins et préoccupations spécifiques. De plus, étant souvent les détentrices des terres, leur coopération est nécessaire pour garantir l'accès et l'utilisation des terrains concernés. Dans de nombreux cas, la législation locale encourage également l'utilisation de la main-d'œuvre locale dans un rayon de 5 km autour du site. La collaboration étroite avec les populations locales favorise ainsi une approche plus inclusive, respectueuse de l'environnement et socialement durable dans la réhabilitation des sites miniers.

Un exemple de revégétalisation de site minier

“Lors de ma première expérience d'exploitation minière dans une mine d’uranium, en tant que directeur technique principal, j'ai été chargé de superviser les travaux de réhabilitation minière. Un aspect particulièrement sensible de cette expérience était la gestion des résidus. Nous avons opté pour l'enfouissement des résidus sous plusieurs couches d'argile, en veillant à ne pas planter d'arbres par-dessus (une technique recommandée à l'époque). À la place, nous avons procédé à une végétalisation en utilisant principalement du paspalum, une plante qui ne défigurait pas le paysage. Cette approche a permis de fournir du travail à la main-d'œuvre locale, principalement composée de femmes, ce qui a été très gratifiant et source de fierté.

Cependant, dans les exploitations minières d'aujourd'hui, où la mécanisation est largement utilisée et les travaux progressent rapidement, la question de la réhabilitation est souvent négligée. En tant qu'experts, notre travail consiste à préconiser un certain nombre de solutions en veillant à n'utiliser que des espèces locales.” - Michel Oyo

Mais est-ce qu’il est préférable de replanter manuellement ou de laisser la nature suivre son cours ? C’est un débat crucial qui n'est pas encore clos, car aujourd’hui, il faut généralement de 5 à 10 ans pour voir des résultats concrets sur des projets de revégétalisation, tandis que la nature peut également se régénérer seule. Une approche mixte peut toujours être adoptée.

Comment faire un bonne évaluation financière lors d’une réhabilitation de site minier ?

Pour effectuer une évaluation financière précise lors d'une réhabilitation, il est essentiel de considérer plusieurs facteurs clés tels que les ressources humaines, l'utilisation de machines, la collecte des graines et la mise en place de pépinières. Les coûts liés à l'emploi de personnel qualifié, l'acquisition et l'entretien des machines, la collecte et la préparation des graines, ainsi que la gestion des déchets et des matériaux doivent être pris en compte. De plus, il est important d'inclure les coûts de suivi et de maintenance à long terme pour assurer la pérennité de la réhabilitation. Une évaluation financière rigoureuse nécessite des données précises et peut bénéficier de l'expertise de spécialistes de la réhabilitation.

Dans son dernier magazine, Mines&Carrières propose 3 pages sur MORFO. Un article très détaillé et bien documenté, qui explique parfaitement l'apport de notre solution de restauration en 4 étapes.
Lorie Francheteau
Rédactrice en Chef et Manager de Contenu
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